15e édition de Gnanamayan / Festivals des arts plastiques : la récupération inspire des artistes
A partir d’objets récupérés, ils ont créé des chefs d’œuvres. Avec un morceau de bois, ou un tas de ferraille, les artistes plasticiens transportent le spectateur dans leur univers. Et bien de fois, ils les surprennent en cassant les codes.
Un tableau de briquets, des cordes qui remplacent le pinceau pour rendre à la fois le message évident et complexe. Tout concoure à l’envie créatrice. En fin de compte, nait une trentaine d’œuvres d’art qui se donne à voir au musée communal Sogossira Sanou de Bobo-Dioulasso. Au cours du vernissage intervenu ce mercredi 25 janvier, quelques exposants ont clarifié leurs intentions.
Ikram Ben Brahim, universitaire, critique d’art et curatrice : je présente une installation sonore sous le titre « Sois le changement ». Je veux donner l’envie aux artistes de changer, l’envie d’imaginer, l’envie de créer, l’envie d’une autre vie, d’une nouvelle vie.
Ces cercles présentent des images qui peuvent être vues comme des éclairs qui questionnent l’être. J’invite les spectateurs à voyager dans leur for intérieur, dans leur imaginaire parce que mon but, c’est d’insuffler le changement. Il faut que nous puissions arriver à l’innovation, à l’évolution dans l’art contemporain en Afrique. Le voyage intérieur comme vous voyez à travers l’univers plastique, est aussi pictural, visuel et sonore. Quand vous voyez le croisement de ces fils, c’est pour qu’ils cheminent ensemble vers la lumière intérieure, vers un regard intérieur.
Sana, artiste peintre, plasticien : Tout le monde sait que le briquet génère du feu qui peut servir à allumer une cigarette par exemple. Le feu fait partie des quatre éléments dans la création de l’univers et de l’homme. L’artiste a ce pouvoir magique de transformer, de redonner vie à des choses que la société ne maitrise pas forcément. C’est ce génie qui m’a permis de concevoir ces tableaux avec des briquets sur lesquels j’ai imprimé des images. Ces images sont celles de Thomas Sankara et d’individus que je vois dans la rue, surtout ces gens qui ont cet élément (le feu) en eux.
Mané Sibiri, artiste peintre : j’utilise des matériaux de récupération tels que les cordes parce que j’aime la symbolique des cordes. Elles sont souples, on peut les tortiller comme on veut, dans un sens comme dans un autre. Elles sont également entremêlées. Pour moi, elles symbolisent l’unité.
Cela veut dire que quand nous sommes ensemble, nous sommes plus forts. En plus des cordes, j’utilise beaucoup de couleurs parce que je préconise l’espoir. Je pense que le bien sera toujours au-dessus du mal. J’utilise les couleurs pour dire que nous venons d’horizons divers.
Que l’on soit jaune, rouge, vert, que l’on soit du nord, du sud, du centre, de l’est ou de l’ouest, c’est le moment de s’unir, de fraterniser pour qu’ensemble nous puissions aller loin et survivre.
✍ Marie Laurentine Bayala