Les organisations patronales des médias du Burkina Faso que sont la Société des éditeurs de la presse privée du Burkina (SEP), l’Union nationale de l’audiovisuelle libre du Faso (UNALFA) et l’Union internationale de la presse francophone section du Burkina (UPF/BF) ont entrepris deux visites à la maison d’arrêt et de correction de l’armée auprès des journalistes Caroline Yoda et Adama Ouedraogo dit Damiss respectivement journalistes à la chaîne de télévision privée BF1 et au quotidien indépendant l’Observateur paalga, détenus dans l’affaire du putsch militaire du 16 septembre 2015. 

Ces missions se sont déroulées successivement le samedi 26 décembre 2015 et le samedi 9 janvier 2016. Celles-ci procèdent de la décision prise par les organisations professionnelles d’entreprendre un certains nombre de démarches dans le cadre de l’inculpation et de la détention des confrères et tel que cela avait été énoncé dans leur premier communiqué relatif à cette affaire. Les objectifs de ces visites aux confrères détenus étaient :

  • d’une part, de recueillir des informations sur les circonstances de leur arrestation et du déroulement de procédure ainsi que des conditions de leur incarcération.
  • d’autre part, il s’agissait de témoigner aux confrères, qui bénéficient de la présomption d’innocence, une certaine solidarité.

Au terme de ces deux visites au cours desquelles les membres de la délégation ont pu échanger physiquement avec les confrères détenus, l’on note que les conditions de détention sont globalement acceptables. Toutefois, il convient de relever une anomalie de taille concernant la sécurité de notre consœur Caroline Yoda qui se retrouve gardée la nuit par des hommes en lieu et place de femmes comme le stipulent les textes en la matière.

En outre, notre confrère Adama Ouedraogo dit Damiss connait des complications de santé. Adama Ouedraogo est victime de crises répétées et fréquentes d’asthme en détention. Pour rappel, celui-ci avait interrompu brutalement les soins à l’étranger pour venir se présenter à la justice de son pays après que son nom fut publié dans le rapport d’enquête sur le putsch.

Les organisations professionnelles des médias notent que depuis plusieurs semaines que sont incarcérés les deux journalistes, seuls les chefs d’inculpations sont connus. En revanche, la justice militaire n’a pas jusque – là laissé voir les faits et actes que ces derniers auraient commis et qui justifient leur détention. La publication des faits aurait pu permettre de savoir si les actes qui leur sont reprochés relèvent de l’ordre professionnel ou de l’ordre privé.

En tout état de cause et au regard de ce qui précède, les organisations professionnelles signataires du présent communiqué expriment leur vive préoccupation quant au sort des confrères en détention.

En conséquence, elles :

  • demandent à la justice militaire de faire connaître dans les meilleurs délais les faits et actes que les journalistes ont commis et pouvant justifier leur implication dans la tentative de putsch de septembre 2015 suivie de leur incarcération à la prison militaire,
  • invitent la justice militaire à examiner sérieusement le cas de santé du confrère Adama Ouedraogo dit Damiss pendant qu’il est temps en lui permettant de bénéficier de meilleures conditions de traitement,
  • réclament urgemment des dispositions de sécurité convenables pour la garde nocturne de la consoeur Caroline Yoda.

Ouagadougou le 13 janvier 2016

Ont signés:

UNALFA
Abissi Charlemagne
SEP
Lookmann Sawadogo
UPF/BF
Édouard Ouedraogo
AMC
André Eugène Ilboudo
AEJPLN
Evariste Zongo