L’installation de la commission chargée des réformes de l’armée, la sécurisation du territoire, le putsch manqué, l’élavation du Premier ministre Zida au grade de général de division (…), le chef d’état-major général des armées, le général de brigade Pingrenoma Zagré, en parle dans cette interview réalisée par le quotidien d’Etat Sidwaya.
Quelle compréhension faut-il avoir du projet de retrait définitif des forces armées nationales de la politique ?
Pingrenoma Zagré (P. Z.) : Permettez-moi de remercier toute la presse pour l’accompagnement que les forces armées nationales ont toujours reçu dans l’accomplissement de leurs activités, aussi bien au plan national que sur les différents théâtres d’opération à l’extérieur. Ce qui permet de donner une lisibilité aux activités que nous menons.
S’agissant de cette cérémonie d’installation solennelle de la commission chargée de la réforme des forces armées nationales qui a été présidée le mardi 8 décembre 2015 par le président du Faso, cette reforme est soutenue par trois axes. Il s’agit de l’interdiction des militaires à s’ingérer dans la politique. Cette option s’appuie sur les expériences que les FAN ont connues au cours des années antérieures, qui ont été marquées par des rôles multiples joués par des militaires à divers niveaux de la vie nationale.
Et des analyses précédentes, notamment l’étude prospective sur la défense nationale, un document de référence qui va servir à cette commission, était déjà arrivée à ce constat sur les effets négatifs de l’ingérence des militaires dans la vie politique. Du reste, cette disposition paraît dans la dernière loi adoptée cette année. Nous nous réjouissons que la commission mise en place puisse approfondir la question en vue de permettre aux FAN de s’en tenir à leur rôle, c’est-à-dire être subordonnées à l’autorité politique et être soumises au contrôle du pouvoir législatif.
Le deuxième axe de cette réforme concerne la bonne gouvernance militaire. Cela prend en compte les différents déterminants sur lesquels les FAN doivent s’appuyer afin d’être efficaces dans l’accomplissement de leurs missions. Il s’agit d’une bonne maîtrise des ressources humaines, de la logistique ainsi que des questions relatives à l’opérationnalisation des forces et à l’exercice du commandement.
Le troisième axe porte sur le renforcement de la responsabilité. Vous avez pu être témoins, notamment au cours de cette année 2015, avec les crises successives que nous avons connues, qu’il est important pour chaque chef militaire d’être conscient de son rôle et de ses responsabilités vis-à-vis de la nation, afin de permettre aux unités de se conformer aux missions qui leur sont confiées par la nation et la république.
La commission va faire un état des lieux profond des FAN, examiner les différents défis qui se posent et enfin, formuler des recommandations qui feront l’objet d’un CASEM. Les propositions seront ensuite soumises à l’autorité politique pour que des directives soient données aux FAN afin de leur permettre de tenir une place qui convienne aux lois de la république.
Est-ce à dire que désormais l’Armée devrait refuser de prendre ses responsabilités lorsqu’elle est appelée, par exemple en cas de crise, à s’assumer ?
P .Z. : Il est vrai qu’au cours de l’histoire du Burkina Faso, nous avons des circonstances diverses qui ont amené les FAN, parfois malgré elles, comme ce fut le cas en octobre dernier, d’intervenir sur la scène politique. En tant que tel, les FAN ont un devoir de prendre les dispositions pour préserver la souveraineté nationale. Nous avons l’assurance, qu’avec toutes les leçons que le peuple a pu tirer de la Transition et des 27 années du régime précédent, la Nation prendra toutes les dispositions pour renforcer les fondements démocratiques et que les FAN s’en tiennent à leur place, afin que l’on évite des situations de ce genre. Je suis optimiste quant aux perspectives pour notre pays, notamment le renforcement de la démocratie qui nous permettra, à l’instar de beaucoup d’autres pays en Afrique, où les FAN ne peuvent à être sujettes à l’ingérence politique.
L’interdiction va-t-elle aussi concerner les nominations de militaires au poste de ministre ?
P. Z. : Le militaire est avant tout un citoyen, un serviteur de l’Etat. Il a des compétences qui peuvent servir un gouvernement à des postes divers. Sur cette base, il appartient à l’autorité politique d’apprécier l’opportunité de désigner un militaire à des fonctions administratives et techniques. Mais, je tiens à réaffirmer qu’avec les expériences antérieures, tout militaire, quel que soit son grade ou la position qu’il peut occuper, doit s’interdire de s’engager dans les organisations et partis politiques. Il doit observer la neutralité qui s’impose au militaire dans l’exercice de ses fonctions.
Y-a-t-il des possibilités que ces réformes en perspective permettent la réintégration des militaires qui estiment avoir été abusivement radiés, suite aux mutineries de 2011 ?
P .Z. : Il est vrai que ces mutineries avaient donné lieu à la radiation de quelques centaines de militaires. Leur problème a été soumis à la Commission de la réconciliation nationale et des réformes. Aujourd’hui, le Haut conseil qui a été mis en place a le dossier en main. Je pense que la question sera approfondie pour voir quelle suite donner aux revendications de ces militaires radiés en 2011.
La Transition a adopté une nouvelle loi sur le statut des FAN. Avec ces réformes annoncées, peut-on s’attendre à une autre révision de ce statut ?
P .Z. : La nouvelle loi a comme particularité d’avoir pris de nouvelles dispositions relatives au mariage. En effet, les militaires, notamment ceux du rang, étaient soumis à un délai de six ans avant de contracter un mariage. Ce délai a été ramené à quatre ans. Il y a aussi la disposition, dont nous venons de parler, interdisant aux militaires de s’engager en politique. La question de détachement ou de mise en disponibilité du militaire y est également traitée. Nous allons veiller à ce que, à travers cette réforme, notamment l’interdiction pour les militaires de faire de la politique, soit observée, pour permettre aux FAN d’affermir leur vocation au service de la nation.
Pour revenir sur cette loi, nous savons que la disposition qui a défrayé la chronique, c’est celle qui permet à un lieutenant-colonel d’être nommé général. Beaucoup de gens ont estimé que c’est un costume taillé à la mesure du Premier Yacouba Isaac Zida. Comment avez-vous vécu cette polémique ?
P .Z. : Avant l’avènement de la Transition, dans la loi 049, s’agissant des dispositions relatives aux nominations des officiers au grade de général, il est dit : « La nomination au grade de général relève du pouvoir discrétionnaire du président du Faso. A titre normal, pour les colonels-majors diplômés de l’école de guerre et à titre exceptionnel, pour les colonels-majors ayant rendu d’éminents services ou des actions d’éclat au cours d’un conflit ». Au cours de cette Transition, tirant leçons des expériences que nous avons vécues, nous avons réaménagé l’ancienne loi sur les points que je viens de citer. Dans le projet de loi que nous avons soumis au gouvernent, les dispositions relatives à l’avancement des officiers au grade de général, étaient échangées.
Dans le processus d’examen du projet de loi, aux différents échelons, effectivement, il a été inséré le grade de lieutenant-colonel comme pouvant être nommé Général. Depuis le mois de juin de cette année, nous avons eu à formuler une volonté de voir s’en tenir aux anciennes dispositions. Le pouvoir du président du Faso étant, ceci a été fait. Au niveau de la commission chargée de la réforme des FAN, c’est une question qui reviendra certainement.
Aux premières heures du putsch de la mi-septembre 2015, le peuple a attendu son Armée pour venir à son secours. On a eu l’impression que les FAN ont tardé avant de réagir. Que s’est-il passé ?
P. Z. : C’est exactement le 16 septembre, aux environs de 14h20 lorsque je terminais le Conseil d’administration de l’USFA que j’ai été appelé par le général Diendéré, m’informant de l’arrestation du Président du Faso et des membres du gouvernement. Sur le champ, j’ai réagi en disant que c’était un fait très grave qui venait d’être commis. J’ai ajouté que ce fait était en contradiction avec les efforts que nous étions en train de mener afin que les FAN se retirent entièrement de la vie politique. J’ai alors convoqué les chefs d’états-majors pour une réunion à 17h.
J’y ai associé la commission de réflexion et d’aide à la décision, qui a été mise en place au cours de cette année 2015 et qui permet de traiter de certaines questions stratégiques. Nous avons également sollicité à la réunion son Excellence Jean-Baptiste Ouédraogo et Monseigneur Paul Ouédraogo. Au cours de cette rencontre qui a duré de l’après-midi du 16 septembre jusqu’au lendemain à 3heures et demie, de manière unanime, nous avons condamné le coup d’Etat.
Nous nous sommes investis à convaincre Diendéré qui était assisté à la réunion du colonel-major Kéré, d’arrêter l’action qui était en cours, de procéder à la libération immédiate des membres du gouvernement et de se soumettre à l’autorité de la Transition. Nous avons dû, dans la même nuit, nous rendre au camp Naaba Koom pour y rencontrer une délégation des éléments de l’ex-RSP en vue de les persuader de revenir sur leur action, et leur montrer qu’il était totalement inadmissible pour des militaires, après tant de mois d’effort de la Transition pour permettre le retour à une vie constitutionnelle normale, de prendre de telles initiatives.
Sur notre insistance, dans la même nuit, il a été procédé à la libération des quatre femmes ministres. Vous savez, un putsch de ce genre est une opération politique et militaire. A l’avènement du coup, nous ne savons pas s’il y avait des alliances sur lesquelles le général Diendéré s’appuyait pour dire qu’il avait le soutien de l’Armée. Donc, il fallait observer pour connaître l’environnement dans lequel nous sommes. Ce n’était pas une situation où le pays était en crise avec une force étrangère. Il s’agissait d’un contexte dans lequel, au sein d’une même Armée, des composantes, notamment le RSP, où nous savons très bien que c’était un groupuscule qui imposait son diktat.
Nous avons analysé pour ne pas prendre de décisions précipitées qui allaient mettre en péril la vie des membres du gouvernement et donner lieu à une escalade de la violence. J’avais l’intime conviction qu’une option d’affrontement immédiat allait avoir des conséquences bien plus graves. Voici les raisons pour lesquelles, dans les premiers instants du putsch, nous nous sommes abstenus de tomber dans le piège que nous tendaient les éléments de l’ex-RSP.
On a eu l’impression que la haute hiérarchie militaire a été débordée par de jeunes officiers qui ont décidé d’intervenir. Est-ce exact ?
P. Z. : Lorsqu’effectivement au niveau des garnisons quelques officiers ont pris contact avec moi, on a pris des options. J’ai dit qu’il fallait éviter toute décision précipitée qui allait mettre en péril la vie des membres du gouvernement et donner lieu à une escalade dont les conséquences allaient être bien plus dramatiques avec l’instauration d’un chaos et une insécurité généralisée à travers non seulement l’agglomération de la zone de Ouagadougou, mais au-delà, ce qui pouvait exposer notre pays à une insécurité au niveau de nos frontières.
Voici un choix simple que j’ai fait lorsqu’au niveau des garnisons, on a pris contact avec moi. Il fallait éviter d’envoyer précipitamment des officiers à Ouagadougou qui n’ayant pas la même perception des choses, pouvaient eux-mêmes s’affronter. Voici les mesures de prudence que j’ai personnellement partagée avec les autres officiers. Lorsque les chefs de corps sont arrivés à Ouagadougou, il y avait deux options, soit aller à l’affrontement, soit avoir un mode d’action pour éviter l’affrontement.
Et c’est ce mode d’action que nous avons privilégié. Je tiens à vous rassurer que dans ce concept d’opération, nous avons pleinement associé les chefs de corps qui sont venus des autres garnisons et ce mode d’action a été unanimement partagé. Voici comment cela s’est passé lorsque les officiers sont arrivés. Durant les jours qui ont suivi le putsch, il y a eu une stratégie de communication qui a été développée. Les chefs de corps étaient en contact avec leurs camarades qui étaient au RSP.
Au quotidien, nous avions des rencontres tous les soirs pour faire le point de la situation pendant que la troupe était mobilisée sur le terrain en train de dissuader les éléments du RSP sur le risque auquel ils s’exposeraient s’ils persistaient dans leur position. En ce qui nous concerne personnellement, nous n’avons pas cessé de maintenir le contact avec le général Diendéré et les officiers du RSP pour les convaincre du mauvais choix qu’ils avaient fait, qu’il fallait déposer les armes et se soumettre à l’autorité du chef d’état-major général des armées. C’est ce travail qui a permis de procéder à un changement de mentalité au niveau de la majorité des éléments du RSP et a permis d’éviter l’affrontement.
Donc ça relevait plus de la stratégie puisqu’entre-temps l’on vous a prêté une certaine proximité avec le général Diendéré qui serait peut-être à la base de cette trop grande prudence ?
P. Z. : C’est vrai, le général Diendéré est un promotionnaire, j’en ai beaucoup au sein des forces armées nationales. Nous avons ensemble fréquenté l’école spéciale militaire de Saint Cyr. Chacun a eu son parcours professionnel. Il n’y a jamais été ni un confident ni un compagnon particulier pour moi. En tant que chef d’état-major général des armées, je dois avoir l’intelligence pour communiquer avec les hommes quel que soit leur rang, quel que soit leur niveau.
Et c’est sur cette base qu’avec le général Diendéré comme les autres officiers du RSP, je suis resté en contact pour les convaincre qu’ils avaient fait un mauvais choix. Bien sûr, en dehors de ceux qui font l’objet de poursuite judiciaire, la justice dira ce qu’il en est. De manière unanime, au niveau du commandement, nous avons condamné ce coup d’Etat. Au niveau des relations du général Diendéré et moi, il n’y a jamais eu de complicité, il n’y a jamais eu un appui quelconque que le général Diendéré pouvait attendre de ma part pour faire aboutir ce putsch.
N’avez-vous pas senti ce coup de force venir puisqu’il y a eu des signes avant-coureurs avec ces conseils de ministres perturbés ?
P. Z. : Au cours de cette Transition, nous avons connu trois crises. Celles du 21 décembre, du 4 février et celle du 28 juin. Je tiens à vous rassurer qu’en tant que chef d’état-major général des armées, nous n’avons pas attendu septembre pour nous investir à convaincre les militaires de l’ex-RSP que les crises successives étaient de nature à nuire à la bonne conduite de la Transition à laquelle nous adhérons tous. Rassurez-vous que durant ces différentes crises, nous nous sommes investis à développer des entretiens avec les éléments du RSP pour les convaincre. C’est vrai, cette répétition de crises avec le putsch qui a eu lieu en septembre 2015 sont des éléments qui nous convainquent que ces crises n’étaient que des préludes à une stratégie qui avait été conçue par l’ex-RSP.
En tant que chef d’état-major général des armées, dès le mois de juin, nous avons mis en place un centre des opérations au regard des renseignements que nous avions sur les menaces qui pouvaient planer sur le Burkina Faso. Tel que le coup d’Etat est survenu, cela montre qu’il a été préparé. Nous étions conscients que la Transition était contrariée mais, ce coup d’Etat est une hypothèse.Vous savez que ceux qui sont à la base adoptent une stratégie pour espérer faire aboutir leur projet. Nous rendons grâce à Dieu de nous avoir permis d’éviter que la Transition soit remise en cause.
Il y a également cette polémique de zéro mort durant l’assaut sur Naaba Koom II. Bon nombre d’observateurs ont du mal à croire à cela. Qu’en- est-il exactement ?
P. Z. : Effectivement, lorsque nous avons rendu compte au président du Faso du bilan de l’opération qui a été menée au Camp Naaba Koom II, le 29 septembre, beaucoup ont douté du fait qu’il n’y ait eu aucun mort. Mais, c’est la réalité, il n’y a eu aucun mort. C’était d’abord un choix d’éviter l’affrontement. Et si nous avons pu éviter les morts, c’est parce qu’il y a eu un travail au préalable de contact et de communication qui a convaincu les éléments de l’ex- RSP qui étaient sous la domination d’un groupuscule de déposer les armes et de se soumettre à l’autorité du chef d’état-major général des armées. C’est ce qui a été fait dans la soirée du 29 septembre lorsque nous avons commencé à envoyer les premiers tirs.
Dites-nous comment se passe l’intégration des ex RSP au sein de l’armée régulière ?
P. Z. : Dès la dissolution de l’ex-RSP, nous avons développé une stratégie de communication. Les chefs d’état-major d’armées, les différents chefs commandant les régions, les chefs de corps ont été donc invités à accueillir les militaires de l’ex-RSP en tant que frères d’armes. Parce que nous avons compris qu’une majorité de ces militaires était en réalité manipulée. Et nous avons adressé des messages aux éléments de l’ex-RSP qu’ils font partie de la famille des forces armées nationales et qu’il n’y avait pas lieu de craindre pour leur sécurité tant qu’ils se soumettent aux lois de la République.
Au cours des jours qui ont suivi, beaucoup de militaires ayant rejoint les différentes garnisons ont été accueillis avec fraternité. Je tiens à féliciter les militaires qui ont quitté les différentes garnisons qui ont fait un effort d’accueillir ceux de l’ex-RSP qui, aujourd’hui, ont repris les activités normales dans les unités et participent à la vie des forces armées nationales à l’instar des autres corps.
Quelle est la situation de ceux qui sont toujours en cavale ?
P. Z. : C’est vrai qu’il y a actuellement un peu plus d’une dizaine en cavale. Lorsque le militaire est absent au-delà de six jours, il fait l’objet d’une mesure disciplinaire qui le place en position de déserteur. Donc les mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre de tous ceux qui, au-delà de ce délai, ne se sont pas présentés.
Quelle est la suite de la procédure judiciaire de ceux qui ont été arrêtés ?
P. Z. : Le personnel de l’ex RSP et ceux qui ne le sont pas, sont aux mains de la justice qui fait son travail.
Des rumeurs ont fait cas de votre arrestation. Qu’en était-il exactement ?
P. Z. : Des rumeurs à Ouagadougou, on en entend tous les jours. J’ai été approché par des connaissances pour me faire part de cela. Mais, me concernant, je suis entièrement serein et j’accomplis la mission qui m’a été confiée par la nation. Je n’en fais pas une préoccupation.
Deux généraux qui sont en prison. En marge de cette procédure judiciaire, est-ce qu’il y a des procédures disciplinaires en cours au sein de l’armée ?
P .Z. : Evidemment. S’agissant de ces deux généraux, ils ont fait l’objet de sanctions disciplinaires. Compte tenu de leur rang, ce sont des sanctions infligées par le ministre de la Défense à leur encontre. Ces sanctions disciplinaires, ce sont des jours d’arrêt.
Une unité comme le RSP n’est-elle pas nécessaire dans l’armée ? Peut-on s’attendre à une réorganisation pour remettre en place une autre unité?
P .Z. : Quand on voit ce que le RSP a pu montrer au cours de ces derniers mois à l’encontre des lois de la République, on ne sait pas si on peut parler d’unité d’élite. L’unité d’élite, c’est celle qui comprend sa mission et qui se subordonne à l’autorité politique, et qui se soumet aux institutions de la République. Les menaces qui sont dans l’environnement intérieur et extérieur du Burkina Faso nous ont amenés à créer le groupement des forces anti-terroristes, qui est doté de moyens particuliers, d’hommes entraînés et qui participent avec beaucoup de détermination à la sécurisation des frontières nord et ouest du Burkina Faso.
Aujourd’hui, nous sommes dans un processus pour créer des forces spéciales. Nous avons le 25e régiment des forces parachutistes commando de Bobo-Dioulasso. Ce sont des hommes sélectionnés pour leur aptitude physique, morale et leur engagement. Ils ont un potentiel efficace pour faire face aux menaces et nous sommes en train de développer des stratégies afin de disposer de forces spéciales qui correspondent aux nouvelles menaces. Soyez
rassuré, le travail est en cours.
Une unité spéciale par rapport à la sécurité présidentielle ?
P. Z. : Non, une force spéciale par rapport à la défense et à la sécurité du territoire national pour venir à bout des nouvelles menaces de terrorisme. S’agissant de la sécurité présidentielle, depuis la dissolution de l’ex- RSP, il a été mis en place un groupement de sécurité et protection républicaine qui est composé de militaires des corps de troupes, de la gendarmerie nationale et des personnels de la police nationale. C’est une unité mixte qui assure au quotidien les missions de sécurité du président du Faso et des personnalités désignées pour bénéficier de la protection rapprochée.
Quel est le résultat du dispositif sécuritaire mis en place pour répondre à l’attaque sanglante de Samorogouan?
P. Z. : Depuis l’attaque, et même bien avant, nous avons dans la zone concernée un dispositif avec des éléments de la brigade territoriale de gendarmerie et de la police nationale en place. Donc depuis l’attaque, nous avons renforcé ces postes en hommes et en équipements, ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir un bon contrôle des frontières et une sécurisation des populations dans la localité.
Au cours de ma visite à Samorogouan, j’ai eu à échanger avec les populations et à solliciter leur collaboration de façon active avec les forces de défense et de sécurité à travers le renseignement. Cela est valable sur toute l’étendue du territoire, en ville comme en campagne.
Visiblement, ce qui fait défaut dans la protection des biens et des personnes, c’est la logistique. Est-ce que vous confirmez?
P .Z. : Pour ce qui est de la logistique, des efforts ont été faits au cours de l’année par le gouvernement pour accroitre les capacités des Forces armées nationales (FAN). Sur ce point, nous venons de terminer une étude sur l’équipement des FAN et nous savons qu’en matière de moyens de défense, aucun pays ne peut s’auto-suffire. Il faut chaque fois adapter les moyens à la nature des menaces. Aujourd’hui le Burkina Faso en raison de sa situation géographique et de la multiplicité des actes terroristes, entend de redynamiser les FAN afin de permettre aux hommes d’accomplir au mieux les missions à eux confiées.
On a l’impression que l’armée burkinabè est démunie de moyens aériens pour contrecarrer au plus vite les menaces telles qu’on l’a vues à Samorogouan?
P .Z. : Le problème est général en Afrique voilà pourquoi il faut souvent faire appel aux partenaires stratégiques des pays amis afin de faire face à certaines menaces. Le gouvernement est déjà au parfum de cette préoccupation et des solutions idoines seront bientôt trouvées et permettre à l’armée d’accroître sa puissance aérienne. Sinon l’armée burkinabè a grand besoin d’aéronefs qui vont permettre de survoler les zones réputées criminogènes afin de sécuriser les populations. Dans le cas de Samorogouan la zone a été balayée avec un avion équipé d’optique en renseignements. C’est dire que le Burkina n’est pas aussi démuni que çà. Toutes les difficultés des FAN ont été soumises au gouvernement et nous sommes certains d’avoir un échos favorable.
Le général Diendéré était vu comme un vétéran du renseignement militaire. Est-ce que son arrestation va porter un coup aux services de renseignement burkinabè?
P. Z. : Le général Diendéré ne travaillait pas seul. Nous avons des officiers qui étaient avec lui. Ils ont pu avoir du savoir et savoir-faire aux côtés de cet officier général. Et avec les partenaires de l’armée, des éléments ont eu des formations et des stages de perfectionnement à l’extérieur comme au niveau national en matière de renseignement.
Mieux depuis un certain temps le renseignement est au centre des besoins de l’armée qui ne ménage aucun effort pour trouver des compétences appropriées. Donc soyez surs qu’en matière de renseignement le Burkina est en bonne place. Aussi dans le cadre du G5 Sahel les différents pays-membres partagent en permanence les renseignements pour parer à toute éventualité.
Qu’est-ce qui fait que le grand banditisme semble jusque-là difficile à maîtriser par les forces de l’ordre?
P. Z. : Le Burkina Faso fait frontière avec six pays. Ce qui n’est pas le cas dans bien de pays. Et ces dernières années, avec le développement de diverses activités dans les agglomérations des grandes villes surtout l’exploitation minière qui a fait un boom au pays, il y a un flux monétaire qui a enclenché et qui suscite auprès de personnes mal intentionnées le goût du banditisme pour s’enrichir.
Donc nous travaillons avec toutes les composantes de la sécurité (police municipale, eaux et forêts, douane, garde de sécurité pénitentiaires police nationale) afin d’assurer la quiétude des populations. En outre, nous invitons les populations à faire des dénonciations d’autant plus que parfois les individus sont connus dans les quartiers. Pour ce mois de décembre toutes les unités seront en alerte maximale.
Quel est véritablement le rôle des troupes étrangères stationnées au Burkina Faso ?
P Z: Les troupes étrangères qui sont basées au Burkina sont celles de pays amis. Et cette présence, des partenaires stratégiques du Burkina Faso est justifiée par la pleine conscience que nous savons, qu’aucun pays ne peut de manière autonome assurer sa sécurité. En Europe ce partenariat est établi en Afrique, il se constate via la sécurisation de la bande sahélo-saharienne. Par exemple le cas de la France, correspond à un choix de l’autorité politique donc rassurez-vous que cela ne va pas contre les intérêts fondamentaux du pays.
Aujourd’hui la sécurité des institutions de la république est progressivement assurée par des éléments de la police. Cela répond à quoi?
P. Z. : Depuis le mois de septembre dernier nous avons procédé à une répartition de certains postes sensibles. La garde de beaucoup de services est confiée à la police parce que les forces armées nationales sont davantage déployées le long des frontières. Donc ce qui nous a amené à céder à la police des postes que nous estimons qu’elle peut assurer la sécurité avec efficacité et compétence.
En quoi consiste le G5 Sahel? Et quel est son rôle face aux menaces djihadistes?
P .Z. : Le G5 Sahel est une initiative des cinq pays de la bande sahélo-sahélienne (Burkina Faso, Mauritanie, Mali, Niger et Tchad). Dans le processus de Nouakchott en 2014, il est prévu un processus sécuritaire au cours duquel les chefs d’état-major des pays concernés doivent se réunir semestriellement pour faire une évaluation des efforts en matière de lutte contre le terrorisme, dynamiser le partage des échanges sur le renseignement et procéder à l’organisation d’opérations conjointes notamment les interventions transfrontalières.
Ce G5 est-il opérationnel?
P. Z. : Affirmatif. Il est opérationnel. Et cette année le Burkina Faso a eu à organiser de réelles opérations conjointes avec des pays voisins au Nord du pays. Dans le même élan nous avons une opération qui est en cours dans la partie Ouest et Nord-Est du pays. C’est dire que le volet sécurité du G5 est opérationnel et sur le terrain on a des résultats concrets.
A cette période de fin d’année, qu’est-ce qui est prévu au plan sécuritaire pour garantir la quiétude des populations?
P. Z. : Au plan sécuritaire, il y a un cadre de concertation qui réunit tous les directeurs généraux des corps paramilitaires et les chefs d’état-major pour partager les missions de lutte contre l’insécurité. De ce fait, nous mettons l’accent sur le contrôle frontalier, sur les axes routiers (…) et ce cadre nous permet d’être au même niveau de renseignement. Cependant, nous voulons rassurer les populations des efforts qui seront mis en place pour assurer leur protection en ces moments de fête. Mais chaque individu de son coté doit collaborer.
Quel bilan faut-il tirer du dispositif de sécurité mis en place pour garantir le bon déroulement du scrutin couplé au Burkina Faso?
P .Z. : Sous la conduite du ministre délégué à la sécurité, le gouvernement nous a confié la responsabilité de sécuriser et la campagne et le vote. A travers les rencontres périodiques le comité chargé de la sécurisation du territoire et des différents bureaux de vote, avec à sa tête le chef d’état-major de la gendarmerie comme président de la commission s’est beaucoup investi. La gendarmerie et la police ont sécurisé l’intérieur et les FAN pour le contrôle des frontières. C’est ce qui a permis de réussir la sécurisation de ces élections.
On a vu lors des élections, la police, la gendarmerie, les militaires mais également les forestiers et les autres corps paramilitaires qui travaillaient main dans la main. Est-ce qu’on va vers la mise en commun des efforts entre militaires et paramilitaires ?
P. Z. : C’est vrai que depuis longtemps avant que je ne prenne fonction nous avons souvent organisé des activités sportives avec les forces de défense et de sécurité. Des activités annuelles relatives soit à la coupe du ministre de la Défense soit à la coupe du chef d’état-major général des armées pour renforcer cette collaboration avec les corps paramilitaires. Tout citoyen doit considérer la sécurité comme le premier bien parce que sans elle il ne peut pas y avoir de conditions favorables au développement des activités socioéconomiques.
Les circonstances d’octobre 2014 nous ont amenés à renforcer cette collaboration. Les corps paramilitaires constitués par des hommes et des femmes qui reçoivent cette formation sont ceux avec qui nous pensons développer ce type de collaboration parce que nous savons que ces personnels sont conscients de leurs missions et des risques que cela comporte. Nous allons travailler à renforcer cette collaboration afin de réussir notre mission qui est celle de sécuriser et de protéger des populations. En ce qui concerne les forces de défense, notre mission est de défendre l’intégrité du territoire, donc la souveraineté contre toute menace en toute circonstance au moyen des armes.
Il y a la question des moyens qu’il nous faut mais vu de l’extérieur on a l’impression que l’armée est budgétivore.
P .Z. : Dans la vie d’une nation, je pense qu’il y a deux préoccupations majeures qui sont la sécurité et le développement. Sans sécurité il ne peut pas y avoir de développement. Vous avez vu combien la nation a été éprouvée durant les mois passés lorsqu’il y a eu des problèmes de sécurité. C’est vrai, les équipements militaires coûtent cher. Ce n’est seulement pour les militaires burkinabè. Mais c’est une réalité à travers le monde. En ce qui concerne le Burkina Faso, sachez que nous ne sommes pas plus équipés que les pays qui nous environnent. L’Etat fait l’effort de nous doter des moyens qui nous permettent d’assumer et de remplir notre mission avec efficacité.
Les soldats burkinabè sont déployés sur plusieurs fronts. On a l’impression que l’expertise burkinabè s’exporte bien.
P .Z. : C’est vrai, depuis 2009 le Burkina Faso a eu à engager plus de dix mille hommes et femmes dans des opérations de soutien à la paix à travers l’Afrique. Ces années d’opération ont permis de générer beaucoup d’expertises parmi les personnels et nous avons aujourd’hui des hommes qui occupent des postes importants dans le système des Nations unies notamment dans les opérations de soutien à la paix, de manière permanente.
Certains se sont libérés de leurs obligations vis-à-vis de l’armée et d’autres toujours en activité occupent des postes importants comme en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Soudan, au Mali au sein de la MINUSMA et en Guinée Bissau. Voici donc tout le bien que nous tirons de ces opérations de soutien à la paix qui, avant tout, sont l’expression d’une volonté politique du gouvernement d’apporter la contribution du Burkina Faso à la résolution des crises à travers le monde.
Nous nous réjouissons que ces différentes opérations permettent à nos personnels d’une manière générale, aux militaires du rang, aux sous-officiers et aux officiers d’accroître leurs aptitudes et leurs compétences pour être plus efficaces pour remplir les missions intérieures.
Au Mali visiblement les Burkinabè semblent aux avant-postes.
P. Z. : C’est vrai, au Mali nous avons actuellement deux bataillons qui sont déployés et nous nous apprêtons à déployer une unité de gendarmerie. Le commandement du secteur Ouest est tenu par un des nôtres et à l’Etat-major de la MINUSMA à Bamako nous avons un nombre significatif de personnel des forces armées nationales qui occupent des postes au sein de l’Etat-major. Le Mali est un pays voisin, un pays frère et c’est ce qui a justifié la volonté politique du Burkina Faso d’apporter son secours à ce pays parce que la sécurité et la paix nous concernent tous.
Avec la crise que le Burkina Faso vient de traverser est-ce que l’armée burkinabè a encore les moyens et les ressources humaines pour assurer ces missions onusiennes ?
P .Z. : S’agissant des missions onusiennes, elles ont commencé depuis 2009 et jusqu’ici elles n’ont pas un impact négatif sur les forces armées nationales s’agissant des missions intérieures. Du reste l’an dernier nous avons tenu un Conseil d’administration du secteur ministériel (CASEM). Au cours des travaux de la commission des réformes, ce sont des sujets qui feront encore l’objet d’étude pour parvenir à la juste proportion des moyens qu’il faut mettre au profit des opérations de soutien à la paix et ceux qu’il faut maintenir sur le territoire national afin d’assurer les missions sans qu’il y ait des interférences négatives.
Sur les missions onusiennes, le choix des hommes n’est pas toujours évident. On entend parfois des plaintes quant aux critères de choix, on parle de deal.
P.Z. : S’agissant du processus qui permet de désigner le personnel pour les contingents, il y a des critères objectifs qui sont bien connus, et qui ont fait l’objet de notes de service pour les directives du chef d’Etat-major des armées. Il s’agit de l’aptitude physique, des conditions d’âge, des aptitudes et des compétences professionnelles. Il peut arriver qu’un militaire, pour une raison ou pour une autre ne soit pas désigné à un moment où il souhaite l’être parce qu’il y a des nécessités de service qui veulent qu’il soit là pour assurer sa mission.
Mais soyez rassurés que dans la chaîne de commandement des efforts sont faits pour que la participation aux opérations de maintien à la paix soit rotative pour permettre à tout militaire d’y prendre part. S’agissant des deals nous avons parfois entendu à travers certaines presses des allégations mensongères dont le but est de nuire à l’image des forces armées nationales. Notamment en ce qui concerne les primes reversées aux personnels. Je tiens à affirmer que le Burkina Faso est l’un des rares pays en Afrique qui reverse aux militaires participant aux opérations de soutien à la paix la part des indemnités spéciales qui sont destinées aux pays. Il n’y a pas de deals sur les hommes et femmes qui prennent part aux opérations de soutien à la paix.
Général, malheureusement l’accomplissement de ces missions entraîne souvent des pertes, on l’a vu au Mali, au-delà de l’émotion que cela génère qu’est-ce qui est fait pour les familles de ces hommes qui sont tombés sur le champ du combat ?
P .Z. : C’est vrai, parlant du Mali nous avons perdu en août dernier des hommes dans une embuscade. C’est le lieu pour moi de saluer la mémoire de tous ceux qui ont payé de leur vie sur ces différents théâtres d’opérations de soutien à la paix. Nous compatissons à la douleur de ces différentes familles. Lorsqu’il y a un cas de décès, il y a une procédure d’indemnisation qui est mise en œuvre soit par l’ONU soit par l’Union africaine ou même la CEDEAO. Les ayants droit sont attributaires de ce que ces structures apportent comme soutien.
Vu le rôle que l’armée a joué lors des évènements récents au Burkina Faso, est-ce que l’image de l’armée s’est vite renforcée au niveau international ?
P .Z. : C’est vrai que le rôle joué par les forces armées nationales à la survenue de ce putsch qui a montré des militaires conscients de leur rôle, de leur place en tant que force pour préserver la souveraineté nationale, assurer la protection des personnes et des biens, se subordonner à l’autorité politique a été salué par beaucoup de partenaires et amis du Burkina Faso ainsi que par les organisations internationales comme les Nations unies, l’Union africaine et la CEDEAO.
Cela nous réjouit et nous rassure du choix que nous avons fait en interdisant aux militaires de s’engager dans les affaires politiques mais de travailler à raffermir notre vocation militaire pour bâtir une armée républicaine au service de la nation. Cela nous convainc dans notre choix et dans cette directive que j’ai donnée dès ma prise de commandement le 1er décembre 2014. Nous prenons ça comme un encouragement et nous allons nous investir pour que ces valeurs s’approfondissent dans le comportement et la conduite de chaque militaire.
Le Burkina Faso a un nouveau président qui va certainement être investi dans les jours ou semaines à venir, chaque composante de la société a ses attentes et l’affiche clairement. Qu’est-ce que l’armée attend du prochain président ?
P. Z. : Je voudrais formuler mes vœux de pleins succès aux nouvelles autorités qui auront en charge la conduite des affaires du Burkina Faso. J’ai eu à suivre le président Roch Marc Christian Kaboré au cours de la période qui a précédé son élection et même après. C’est vrai, nous avons la commission chargée de la réforme des forces armées nationales qui a commencé ses travaux. Et les attentes, c’est de nous accompagner dans la conduite de cette réforme que nous estimons indispensable pour permettre aux forces armées nationales d’approfondir leurs valeurs républicaines, d’accroitre leurs capacités opérationnelles et de pouvoir donner au terme de ce processus l’image d’une armée soudée, fondée sur les valeurs républicaines donc en conformité avec les ambitions et les défis que le nouveau régime conçoit.
Que notre armée soit l’objet d’une fierté nationale comme nous avons pu le constater avec le retour des unités conduites par les chefs de corps des différentes garnisons (NDLR : après l’échec du coup d’Etat du général Diendéré) nous avons pu voir cette liesse avec laquelle la population a accueilli ces militaires. Notre attente c’est d’abord l’accompagnement des forces armées nationales dans leurs efforts. Nous attendons un accroissement des capacités opérationnelles à travers l’acquisition de moyens adaptés aux menaces.
La troisième attente est celle de la réalisation d’infrastructures dans les casernes pour accroître aussi la disponibilité des militaires dans la conduite de leur mission. Ce qui va avoir pour effet de booster leurs performances. Voici les trois attentes que nous formulons en tant que chef d’état-major général des armées à l’attention des autorités nouvellement élues.
Les attentes c’est aussi peut-être moins de généraux parce que nous en avons une bonne douzaine.
P.Z. : Dans la sous-région, le Burkina Faso est le pays qui compte moins de généraux. La promotion d’un officier au grade de général relève du pouvoir discrétionnaire du président du Faso. La nomination d’un général correspond à un besoin de remplir des missions, des fonctions.
Est-ce qu’on en a véritablement besoin ? Un général c’est pour un commandement précis.
P. Z. : Un général n’est pas un super homme. Ce n’est pas un militaire différent des autres. Il est avant tout un serviteur de l’Etat, un soldat. Nous avons le statut de militaire. Au sein des Forces armées nationales, les militaires sont identifiés par les grades en commençant par celui de caporal, les soldats de deuxième et de première classe, jusqu’au grade de caporal-chef. Nous avons la hiérarchie des grades pour les sous-officiers, pour les officiers. C’est vrai que lorsqu’on parle de grade de général, les gens ont l’impression de voir quelqu’un qui est sur les étoiles parce qu’il porte des étoiles sur ses épaulettes mais rassurez-vous que le général est avant tout un serviteur de l’Etat. Il n’y a donc pas lieu d’imaginer autour de ce grade ce qui n’est pas la réalité.
Permettez-mois de rendre grâce à Dieu pour son intervention dans la conduite des opérations qui ont permis de parvenir à la reddition des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et d’éviter que notre pays ne sombre dans un chao, une insécurité généralisée. Je traduis aussi ma gratitude à tous ceux et celles qui m’ont soutenu et qui ont soutenu les forces armées nationales et qui ont eu confiance à la stratégie que nous avons développée.
Une stratégie de non-affrontement pour résoudre la crise avec le RSP parce que j’étais convaincu qu’il était possible de parvenir à une telle issue. Je prie pour que Dieu continue d’accorder sa grâce au Burkina Faso. Que nous terminions l’année 2015 en toute sérénité et que nous ayons les ressources pour répondre aux nombreuses attentes des populations. Que Dieu bénisse le Burkina Faso.
Source: sidwaya.bf