Les producteurs laitiers de 5 pays de l’Afrique l’Ouest et du Tchad déterminés, à promouvoir le lait local, réclament des politiques laitières durables
Ce vendredi 1er Juin 2018, Journée Internationale du lait, les producteurs et productrices de lait, du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad, accompagnés d’une large coalition composée d’organisations paysannes, de consommateurs et consommatrices, de chercheurs et chercheuses, d’ONG, de mini-laiteries, d’industriels locaux, lancent une campagne de défense et de promotion du lait local.
Pour la première fois, ces acteurs se réunissent pour affirmer ensemble :
- le rôle clef du lait local dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la région du Sahel,
- l’énorme potentiel économique des filières laitières basées sur la collecte de lait local.
48 millions de familles de pasteurs et d’agro-pasteurs de l’Afrique de l’Ouest tirent une part importante de leurs revenus de l’élevage et notamment de la production et de la transformation du lait local. Et pourtant cette filière laitière est confrontée à d’énormes défis climatiques, économiques et politiques, dont la concurrence déloyale de 500 milliards de FCFA d’importation annuelle de poudre de lait importée.
Cette campagne de promotion du lait local vise à sensibiliser la population à une consommation informée et responsable. Le consommateur et la consommatrice recherchent de plus en plus à savoir ce qu’ils consomment et qui profite des retombées financières.
« Nous appelons la population en général, les familles et les ménages en particulier, à augmenter leurs consommations de produits laitiers de qualité, issus du lait local. Cette action contribuera non seulement à la promotion et au renforcement de la production nationale mais aussi bénéficiera significativement à l’économie de notre pays ainsi qu’à la création de richesse et d’emplois en milieu rural, surtout pour les femmes et les jeunes. » Explique Madame Garriko, productrice et transformatrice de lait dans la zone périurbaine de Ouagadougou au Burkina Faso.
En effet, en plus de la mobilisation sociale autour du lait local et la démarche pour une consommation responsable, les producteurs et productrices, les acteurs et actrices, mènent un plaidoyer fort auprès des gouvernements et des institutions pour :
- l’amélioration de l’accès à l’alimentation bétail, en lien avec les enjeux de la production ;
- l’augmentation du pourcentage de lait issu des exploitations familiales dans l’industrie laitière, en lien avec les enjeux de la collecte ;
- la mise en place d’une politique commerciale et fiscale favorable au lait local issu des exploitations familiales, afin d’assurer des prix de lait favorables au développement des filières locales.
La filière du lait local représente un grand potentiel de développement pour les zones dans lesquelles évoluent les producteurs et productrices. Le lait de vache représente entre 20 et 40% des revenus issus de l’élevage dans les pays sahéliens.[1]
En Afrique de l’Ouest, le pastoralisme et l’agropastoralisme font vivre et génèrent des revenus et de la sécurité alimentaire pour plus de 48 millions de pasteurs et agro-pasteurs.[2] La filière laitière locale procure directement des emplois et des revenus à de très nombreuses catégories d’acteurs : éleveurs et employés des laiteries, collecteurs de lait cru, vendeurs de produits laitiers, fournisseurs d’intrants et de services. Le lait local assure une partie importante de la consommation des pays sahéliens, notamment en milieu rural et dans les villes secondaires. La filière permet également de lutter contre les inégalités de genre étant donné qu’elle procure aux femmes des revenus leur permettant de vivre plus dignement.
Malgré son apport non négligeable à l’économie des pays de l’Afrique de l’Ouest et au Tchad, la filière lait local fait face à d’énormes défis (alimentation bétail, collecte, concurrence du lait en poudre…). Moins de 15% du lait local est collecté alors que les importations de poudre de lait (avec une proportion importante et croissante de poudre de lait réengraissée en matière grasse végétale) sont estimées à plus de 500 milliards de Francs CFA en 2015[3] et devraient croître d’environ 30 à 40 % entre 2015 et 2025.[4]
Au moment où les Etats d’Afrique de l’Ouest travaillent à une offensive lait dans le cadre du plan d’investissement agricole régional de la CEDEAO (PRIASAN de l’ECOWAP), que des négociations importantes autour d’accords commerciaux approchent (TEC[5], renégociation des accords de Cotonou, APE[6]…) et que les groupes laitiers multinationaux, en grande partie européens, réalisent des investissements importants sur le continent africain, les producteurs et productrices de lait et la large coalition qui les accompagne, saisissent donc cette opportunité pour faire valoir leurs demandes et leurs besoins.
Leur plaidoyer vise également l’amélioration de l’accès aux financements, la valorisation et la reconnaissance du rôle et de la place des femmes dans la filière lait local et l’optimisation de la gouvernance du secteur.
Les producteurs et productrices de lait de l’Afrique de l’Ouest bénéficient aussi du soutien des producteurs de lait en Europe. Ceux-ci, face aux politiques laitières européennes, unissent leur force aux producteurs et productrices de lait en Afrique de l’ouest et au Tchad car les choix politiques dont dépend la survie des petites exploitations en Europe ont également des conséquences en Afrique de l’Ouest.
Les exploitants familiaux des deux continents sont les victimes d’un modèle économique qui privilégie les géants de l’agroalimentaire aux dépens des populations locales et d’une production durable et responsable.
Le mouvement est donc lancé, pour soutenir le plaidoyer des producteurs et productrices de lait local, rendez-vous sur
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• Twitter : https://twitter.com/monlaitestlocal
FIN
A propos des coalitions :
La campagne régionale regroupe au niveau régional plus d’une dizaine d’organisations dont APESS (Association pour la promotion de l’élevage au sahel et en savane), CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), GRET, IPAR (Initiative Prospective Agricole et rurale), IRAM (Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de développement), RBM, Réseau Lait Equitable, ROPPA (Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest), des représentants des industriels (TIVISKI), SOS FAIM, VSF-Belgique
Les pays focus ont mis en place des coalitions porteuses de la campagne au niveau national qui incluent les acteurs pertinents et les membres nationaux des organisations régionales.
- Burkina Faso :
APESS (Cellule Nationale de Coordination),
CPF (Confédération Paysanne du Faso),
CRUS (Conseil Régional des Unions du Sahel),
GRET, Iprolait, Oxfam,
PASMEP (Plateforme pour la Sécurisation des Ménages Pastoraux) ;
SOS FAIM, UMPL-B (Union Nationale des Mini laiteries et Producteurs de Lait)
- Sénégal :
ANIPL (Association nationale pour l’intensification de la production locale),
APESS (Cellule Nationale de Coordination),
FENAFILS (Fédération nationale des acteurs de la filière lait local au Sénégal),
Kirène, Oxfam, Ranch de Dolly, RBM, SOS Faim
- Mali :
AOPP (Association des organisations professionnelles paysannes)
Mopti, Sikasso, APESS (Cellule Nationale de Coordination),
APCAM (Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali)
CAB, CAD – Mali,
Coopérative Badenya,
Coprolait Dêh Gongasso,
Coopérative Lait Kolondiéba,
Coopérative Sikasso,
Dèmèso Soudou – Kossam Bankass,
FENALAIT Kassela, Oxfam, Profilait, PRODEVALAIT, RBM Sigida nono Koutiala Bamako, UR.Lait Koulikoro, VSF – Belgique
- Mauritanie :
Alliance Citoyenne,
(CJJ) Club des jeunes journalistes,
FONADH (Forum des Organisations nationales des droits de l’homme),
REFPAM (Réseau des femmes parlementaires mauritaniennes),
ROSA (Réseau des Organisations sur la Sécurité Alimentaire),
Oxfam, TIVISKI (représentants des industriels)
- Niger :
Billatari CRA/Ti,
Coopérative Lait Kawtal Kollo,
FNEN DADO (Fédération Nationale des Éleveurs du Niger),
Fromagerie La Crémière du Sahel,
GAJEL, Karkara, Pi-lait Niamey, ML Higiène,
PFPN (Plateforme paysanne du Niger), Sudubaba
- Tchad :
APESS (Cellule Nationale de Coordination), COPAFIB, Oxfam