Coordination F-SYNTER des Universités Publiques du Burkina Faso, dans cette déclaration s’insurge contre les sanctions infligées à l’étudiant Bahan Yénilo. Elle demande par ailleurs la levée des sanctions prononcées à l’encontre dudit étudiant et le départ des forces de l’ordre de l’université. Lisez plutôt!
Déclaration sur la situation à l’Université de Ouagadougou
L’histoire se répète : depuis quelques jours l’Université de Ouagadougou connait une crise née comme d’habitude à la suite de sanctions non justifiées contre un étudiant. En Octobre 2012, le conseil de discipline de l’Université de Koudougou prenait des sanctions similaires à l’encontre de 16 étudiants dont des responsables et militants actifs de l’ANEB. Clairement, il s’était agi d’une remise en cause pure et simple du droit syndical. Aucun argument pédagogique ne justifie ce genre de sanctions, sinon une volonté manifeste de détruire cette organisation. Ce n’est pas la première fois que de telles tentatives sont mises en œuvre mais sans succès.
Dans la situation actuelle, on a sanctionné sans tenir compte du contexte dans lequel évolue l’enseignement supérieur. Nous l’avons maintes fois répété et nous le répétons encore, tous ces problèmes ont pour origine l’application des Programmes d’Ajustement Structurel aggravés par l’adoption précipitée sans mesure d’accompagnement du système LMD. Le problème qui est survenu entre deux étudiants est l’illustration parfaite de cette précipitation et cette cacophonie dans l’application du LMD. Si on instaure le principe de l’obligation pour l’étudiant de reprendre un semestre auquel il n’a pas réussi, pédagogiquement, il est inopportun de programmer des cours de ce même semestre pour un autre groupe d’étudiant auquel le dit étudiant ne pourra pas participer en cas d’échec car dans le même temps, il suit d’autres enseignements. Que coutait un réaménagement du calendrier pour permettre aux uns de suivre les cours dans le cas d’un éventuel échec ? Que réserve-t-on aux autres ? En optant pour une démarche répressive, on a privilégié comme d’habitude les réflexes de mauvaise gouvernance tant décriés dans notre pays. La question centrale de ces événements est la violence dans nos universités. Il y a manifestement une interprétation biaisée des franchises universitaires et du rôle du conseil de discipline. Celui-ci s’est contentée de prononcer des sanctions partisanes qui sont loin de la réponse adaptée à cette situation. Manifestement le conseil a été partial et tente de faire endosser au seul étudiant Bahan Yénilo, la responsabilité de l’altercation. L’orchestration d’une campagne médiatique victimisant l’ANEB vient confirmer cette partialité. On est étonné par la légèreté avec laquelle, les violences sont attribuées à cette organisation. Nous réclamons une commission d’enquête pour situer les responsabilités.
C’est pourquoi, la Coordination F-SYNTER des Universités Publiques du Burkina Faso, soutient la lutte des étudiants. Il n’est pas normal que dans une situation de ce genre, les ambitions subjectives l’emportent sur le raisonnement et l’acte pédagogique. On a voulu sanctionné une jeunesse qui veut que l’on se penche sur ses problèmes. Pour résoudre la crise actuelle et ramener la sérénité dans les universités, il est urgent de prendre les mesures suivantes :
-La levée des sanctions prononcées à l’encontre de l’étudiant Bahan Yénilo
-Le départ des forces de l’ordre de l’université.
Tant que les problèmes structurels ne seront pas résolus, on se retrouvera toujours avec des chevauchements entrainant des altercations dans un cycle sans fin. Il y a quelques années ce sont deux enseignants qui s’empoignaient pour un problème de salle. C’est pourquoi, la coordination F-SYNTER des universités publiques du Burkina Faso pense que la résolution des problèmes de l’enseignement supérieur et de la recherche passe nécessairement par une réponse adéquate aux problèmes suivants :
- Le respect des engagements pris par les autorités lors des dernières négociations
- L’arrêt de l’application des programmes d’ajustement structurel qui consacrent la privatisation de l’enseignement supérieur
- L’augmentation du budget alloué aux universités publiques
- Le recrutement d’enseignants en nombre et en qualité
- L’amélioration des conditions de travail par la résolution des problèmes pédagogiques
- La mise en place d’une structure administrative performante
- L’amélioration de la gouvernance universitaire.
Dans la résolution des crises à l’Université les autorités ont toujours plaidé la mise en place de structures de concertation ; on se demande où est passé cette disposition. En tout état de cause, les autorités portent l’entière responsabilité du délitement de la situation dans l’enseignement supérieur.
Pain et liberté pour le peuple !
Ouagadougou, le 18 décembre 2017
Le Secrétaire Général
Alain SANOU