Le Burkina Faso, à l’instar des autres membres de la communauté internationale, commémore le 19 Novembre de chaque année, la Journée Mondiale des toilettes. Cette année, la célébration a lieu dans un contexte particulier aussi bien au plan national qu’international. En effet, en décembre 2015, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté les objectifs de développement durable (ODD) à la suite des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) arrivés à terme en fin 2015. Au niveau national, grâce à la mobilisation et au plaidoyer des acteurs du secteur, le Conseil National de Transition (CNT) a adopté le 05 Novembre 2015, la loi portant droit d’accès à l’eau et l’assainissement. Cet acte fort du législateur marque la volonté du Burkina Faso de créer les conditions favorables à la réalisation de l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement d’ici 2030.
L’analyse actuelle des performances du sous-secteur de l’assainissement des eaux usées et excreta montre des faibles taux d’accès tant en milieu urbain (34,2%) qu’en milieu rural (12%) en 2015. Ces chiffres comparés aux résultats de l’enquête nationale sur l’assainissement réalisée en 2010 qui avait révélé que 6 ménages sur 10 utilisaient la nature comme lieu de défécation traduisent, malgré leur faiblesse, les efforts consentis par l’Etat et les populations, avec le soutien des partenaires techniques et financiers, le secteur privé et la société civile tout au long de la mise en œuvre du programme national d’approvisionnement en eau potable et assainissement. Ils sont également révélateurs de l’immensité de la tâche qui nous reste à accomplir car plus de 2/3 de la population burkinabè n’a toujours pas accès à des latrines adéquates ou ont recours à la nature pour déféquer.
Les principaux défis du sous-secteur de l’assainissement sont liés à (i) la question du cadre institutionnel visant à inciter les populations à prendre en charge la construction de leurs propres ouvrages tout en respectant les normes technologiques édictées par l’autorité en charge de l’assainissement;(ii) la problématique du transfert des compétences et des ressources pour accompagner les communes en matière de maîtrise d’ouvrage; (iii) la mobilisation et le déploiement des ressources humaines, techniques et logistiques nécessaires à l’exercice de la mission de régulation, d’appui et de contrôle au niveau central et déconcentré ; (iv) la question de la mise en œuvre des campagnes d’éducation et de communication pour le changement de comportements parallèlement à la mise en place des technologies d’assainissement.
Pour répondre à ces nombreux défis, le sous-secteur de l’assainissement se doit d’opérer un certain nombre de mutations tenant compte des aspirations profondes du peuple burkinabè, veillant particulièrement à prendre en compte, les préoccupations des populations les plus pauvres et les plus vulnérables, au regard de l’ampleur de la pauvreté au plan national et particulièrement en milieu rural. Le droit d’accès universel à l’assainissement sur la base de l’approche fondée sur les droits humains doit être une réalité pour tous les burkinabè, sans exclusion.
Pour relever le défi du droit d’accès universel à l’assainissement d’ici à 2030, le programme national d’assainissement des eaux usées et excreta s’est fondé sur des principes d’implication et de participation active de toutes les couches de la population par des approches innovantes et communautaires.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement a adopté au titre de la période 2016-2020, le « Plan national de développement économique et social (PNDES) », qui constitue le nouveau référentiel de développement économique et social durable en conformité avec le Programme Présidentiel qui consacre une place de choix à la résolution des problèmes liés à l’assainissement.
Le thème de la journée mondiale de cette année « accès universel aux services durables d’assainissement : l’engagement communautaire, gage de réussite » a été retenu au Burkina Faso afin de souligner le caractère important et impératif du pilotage des actions d’assainissement par la communauté elle-même. Cette vision du sous-secteur garantira la pérennité des acquis de l’assainissement.
A toutes ces personnes qui s’activent sans relâche pour assurer le développement du sous-secteur de l’assainissement, je voudrais au nom du Gouvernement, vous exprimer toute ma reconnaissance ainsi que celle de la nation toute entière. Certes les défis sont énormes et les moyens financiers limités, mais le Burkina Faso dispose de ressources humaines qualifiées dont le professionnalisme et l’engagement nous permettront de cheminer progressivement vers un accès universel à l’assainissement.
Enfin, je renouvelle ma gratitude aux partenaires techniques et financiers aux ONG aux associations et à tous les acteurs du secteur pour leurs soutiens permanents apportés à divers niveaux au sous-secteur de l’assainissement.
A toutes et à tous, je souhaite une bonne commémoration de la Journée mondiale des toilettes 2016.
Niouga Ambroise OUEDRAOGO
Chevalier de l’ordre du mérite