La célébration du 56è anniversaire des Forces armées nationales, au lendemain des évènements tragiques survenus le 12 octobre 2016 à Intangom, m’offre l’occasion de rendre l’hommage de la Nation à toutes les victimes de la barbarie et de la lâcheté et en particulier à nos vaillants soldats tombés au champ d’honneur. Pour saluer leur mémoire, je vous invite à observer une minute de silence. (…) Je vous remercie.
Monsieur le Premier Ministre
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale
Distinguées personnalités
Mesdames et Messieurs
C’est sous le thème : « Démocratie, défis sécuritaires et progrès économique et social : contribution des Forces armées nationales » que l’Armée nationale commémore le 56ème anniversaire de sa création.
Un anniversaire est toujours un moment de souvenirs, mais aussi de réflexion et de projection vers un avenir que l’on souhaite toujours meilleur et mieux maitrisé.
Le 56ème anniversaire n’échappe pas à cette règle.
L’institution militaire, dès sa création, s’est vue confier par la Nation et les autorités politiques son rôle et sa place dans la communauté nationale, afin que, tout en assurant les missions traditionnelles qui sont les siennes, elle puisse participer au développement en étant utile et en s’adaptant au progrès et à l’évolution de l’ensemble de la société.
C’est fort de ces idéaux, et en ayant une conscience nationale aigue que les pères fondateurs de notre outil de défense ont su inculquer à la communauté militaire les valeurs de sacrifice, d’honneur, de dignité et de respect de l’autorité.
C’est pourquoi, chaque fois que des militaires ont fait irruption à la tête de l’Etat pour jouer un rôle politique actif en dirigeant le pays, l’institution militaire dans son ensemble en a subit les contre coups et s’est toujours retrouvée, de gré ou de force, dans une posture qui n’est pas la sienne.
Il doit être clair pour tous que l’Armée doit se mettre exclusivement au service des institutions de la République, si elle veut garder sa fierté, son unité, sa cohésion et sa discipline qui font sa force et sa neutralité.
J’apprécie donc à sa juste valeur, la pertinence du thème de ce 56ème anniversaire au triple plan de la démocratie, des défis sécuritaires et des exigences du progrès économique et social.
Nous devons nous convaincre, que pour se consolider, la démocratie a besoin d’une Armée forte et républicaine ; une Armée qui se conforme aux règles et aux exigences de l’Etat de droit et qui est débarrassée des réflexes de l’Etat d’exception.
Il importe que l’institution et au même titre le militaire, observent à tous égards une attitude de neutralité, entendue comme leur non-immixtion dans la sphère politique et partisane.
L’Armée doit donc être au service du pouvoir politique qui, dans toute démocratie, tire sa légitimité de l’onction populaire. Le Plan Stratégique 2017-2021 pour la Réforme des Forces armées nationales, élaboré selon un processus participatif, constitue l’aboutissement des réflexions menées sur ces questions essentielles à la stabilité politique et au progrès continu au profit des Burkinabè.
Il sera le document de référence qui permettra de corriger les travers qui ont conduit aux dérives ayant jalonné la vie de l’institution et dans une certaine mesure celle du pays.
Très adroitement, cette vision matérialisée dans le plan stratégique allie les tâches de promotion du développement national aux missions régaliennes dans le cadre des lois de la République dans toute démocratie moderne.
C’est pourquoi l’Armée nationale comme les Forces de Sécurité doivent défendre l’intégrité du territoire, la stabilité des institutions républicaines, et assurer la sécurité et la protection des biens et des personnes comme la prunelle de leurs yeux, car ces missions constituent leur raison d’être.
En ce qui concerne les défis sécuritaires, l’environnement international et sous régional reste fortement marqué par la montée en puissance des clivages idéologiques et religieux, mais aussi par la recrudescence des activités terroristes et de la criminalité transfrontalière.
Les nombreux conflits à travers le monde ont contribué à créer des zones de non droit où les bandes terroristes se replient pour mieux s’organiser.
Ces bandes armées maintiennent et renforcent ainsi les conflits intérieurs et se servent de ces bases pour perpétrer des actions terroristes dans notre pays.
La décision de l’Etat d’engager l’Armée nationale et les Forces de Sécurité pour les missions de paix sur le continent doit être saluée.
Cette solidarité de notre pays vis-à-vis des autres pays est de plus en plus appréciée, grâce aux missions de sécurisation ou d’observation, mais surtout grâce aux Opérations de Soutien à la Paix dont les plus connues sont celles ayant concerné le Burundi, Haïti, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, la Guinée Bissau, le Darfour et le Mali.
C’est le lieu de souligner que notre contribution à la MINUSMA se poursuivra, car la responsabilité de tous les pays de notre sous-région et au-delà est engagée dans cette mission.
Cette participation, pour être toujours efficace, doit s’appuyer sur l’acquisition permanente des savoirs, des savoir-faire requis dans ce domaine.
Elle permet également de renforcer les capacités opérationnelles des hommes qui rentrent de ces pays pour continuer leurs missions au plan national.
Cette décision qui nous permet de contribuer à la préservation de la paix et de la sécurité sur le théâtre des opérations en Afrique et dans le monde, notamment dans les missions de paix sous la bannière des Nations unies a contribué à révéler et à renforcer le professionnalisme de nos Officiers, sous-officiers et militaires du rang.
Permettez-moi de saisir l’occasion pour remercier nos partenaires qui nous soutiennent en matière de formation, d’équipement, de partage de données et d’échanges d’informations.
Face aux menaces transnationales grandissantes, la coopération entre les Etats est désormais une exigence.
Distinguées personnalités
Mesdames et Messieurs
Depuis les attaques terroristes du café Cappuccino,du « Splendide hôtel » ainsi que les nombreuses attaques contre des Forces de Défense et de Sécurité le long de nos frontières,la menace terroriste est permanente et les Forces de Défense et de Sécurité doivent agir en anticipation et en réaction afin d’assurer un niveau de sécurité maximal à la population.
Les efforts doivent être poursuivis et l’Armée nationale doit fortement s’impliquer dans les initiatives régionales comme le G5 Sahel qui permettent de créer une synergie sans laquelle les actions individuelles connaissent des limites.
Le concours des populations est une donnée incontournable,car ce combat de longue haleine appelle l’implication de toute la communauté nationale. C’est pourquoi le renforcement des liens Armée-Nation est une quête fondamentale de toute Armée républicaine.
C’est devenu une nécessité absolue pour notre Armée nationale et nos forces de sécurité de disposer de matériel et d’équipement adéquats pour être à la hauteur des défis sécuritaires actuels et à venir.
Dans ce sens, un projet de loi de programmation militaire pour la période 2017-2027 sera soumis à l’Assemblée nationale.
Monsieur le Premier Ministre
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale
Honorables Invités
Mesdames et Messieurs
Au-delà de leurs missions régaliennes donc traditionnelles, l’Armée nationale et les Forces de Sécurité doivent participer aux tâches de développement du pays, en s’impliquant dans le processus de promotion économique et sociale.
Dans un pays comme le nôtre, ne pas profiter des capacités de l’Armée serait contreproductif, car elle possède bien souvent des équipements et une expertise qui peuvent être employés dans un cadre autre que celui du théâtre militaire.
De tout temps, cette approche a eu cours dans notre pays, comme en témoignent les plaines rizicoles deDakiri et deNiena-Dionkélé et les unités de production agro-sylvo-pastorale inaugurées sous la période révolutionnaire.
C’est donc dire que la contribution de notre Armée nationale en matière de développement a toujours été une réalité et sa part contributive dans l’édification de notre Nationest notable.
En plus de l’action quotidienne des spécialistes militaires dans les domaines de la santé, du génie, du transport aérien et de la protection civile, les populations des villes de garnison où sont implantées nos unités militaires apprécient le dynamisme qu’apportenotre vaillante Armée à la vie sociale et économique.
Dans le domaine de la recherche scientifique, les professeurs et chercheurs du service de santé des Armées apportent leur contribution aux côtés de leurs homologues civils dans les Universités et dans les hôpitaux.
Distinguées personnalités
Mesdames et Messieurs
Depuis le renouveau démocratique consacré par les élections présidentielle et législatives du 29 novembre 2015 qui a scellé le pacte républicain attendu par toutes les couches de la société, notre pays doit faire face à de nombreux défis.
Je suis conscient des difficultés que rencontrent notre Armée nationale et nos forces de Sécurité mais, il me plait d’indiquer que toutes les préoccupations qui ont été soumises ont été prises en compte ou sont en voie de trouver des solutions.
Je puis vous assurer que tout sera fait pour permettre à nos forces armées de garantir la sécurité tant nécessaire à la quiétude de nos populations laborieuses et assurer la défense de l’intégrité du territoire.
La réforme globale du secteur de sécurité viendra parachever cette architecture pour assurer la protection et la défense du territoire, des personnes et des biens.
Officiers, Sous-officiers
Militaires du Rang
Personnels civils de la Défense
J’exhorte la chaine de Commandement et l’ensemble des personnels à travailler dans la cohésion, dans l’unité et dans la discipline afin de nous permettre de relever le défi de la défense et de la sécurité dans notre pays.
A nos anciens combattants et anciens militaires, j’exprime la gratitude de la Nation et à l’ensemble des récipiendaires j’adresse mes vives félicitations.
Bonne fête et joyeux anniversaire aux Forces armées nationales !
Je vous remercie.
Ouagadougou, le 1er Novembre 2016
Le président du Faso,
Chef suprême des forces armées nationales,
Ministre de la défense nationale et des anciens combattants