A l’instar d’une centaine d’autres pays, le Burkina Faso a abrité le 6 juin 2015 le débat citoyen planétaire sur le climat et l’énergie (world wide views). 110 citoyens volontaires de trois régions du pays (Centre, Centre-Nord et Boucle du Mouhoun) ont pris part à cette rencontre. C’est l’agence CORADE qui a assuré l’organisation pratique du débat.
La 21e conférence des parties sur les changements climatiques se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015 et cristallise les enjeux de plusieurs années de négociations internationales. Les attentes des nations par rapport aux résultats de cette conférence sont si grandes qu’il est apparu nécessaire d’organiser un débat afin de ne pas occulter des préoccupations des milliards de citoyens anonymes sur les problématiques du climat et de l’énergie qui affectent leur vie.
En prélude à cette conférence donc, 104 pays ont organisé simultanément le débat citoyen à l’échelle mondiale dénommé World Wide Views. Il vise à rendre audible la voix des citoyens anonymes dans le monde sur ces problématiques qui affectent leur vie. Ainsi, les décisions prises lors des négociations tiendront compte de leurs opinions. Le 6 juin 2015, plus de 10 000 citoyens ont participé à cette consultation citoyenne sur les cinq continents.
Au Burkina, c’est l’agence CORADE qui a organisé le débat. Elle était soutenue par le ministère de l’environnement et des ressources halieutiques, l’ambassade de France, la région Franche-Comté, les délégations spéciales des régions du Centre, Centre-Nord et Boucle du Mouhoun, l’institut du génie de l’environnement et du développement durable (IGEDD) de l’université de Ouagadougou, la coalition des OSC sur le changement climatique, le cercle d’information et de communication sur les changements climatiques.
110 participants au Burkina, 10 000 à l’échelle mondiale
110 citoyens et citoyennes étaient dans la salle de conférence de l’hôtel Palm Beach pour participer à cette consultation, autour de quatorze tables, réparties comme suit : trois tables dioulaphones, quatre tables moréphones, sept tables francophones, avec des facilitateurs et des traducteurs pour les débats. Le programme des travaux prévoyait cinq séances, une thématique spécifique pour chaque séance. Chaque séance commence par une vidéo de cinq à dix minutes pour introduire le sujet afin de donner des clés de lecture et d’analyses aux participants ; puis 30 minutes sont consacrées au débat avant de passer à la consultation (individuelle et anonyme). Les votes sont saisis et transmis directement à la plateforme à Paris. Les résultats de votes des 104 débats seront analysés, agrégés de façon systématique.
Ainsi, chaque citoyen volontaire a pu donner sa perception des changements climatiques, sa vision du phénomène et ses appréhensions sur les décisions qui doivent être prises au niveau mondial pour inverser la tendance. « La voix des citoyens vaut la voix d’un pays lors des négociations. Après le débat, il y aura un processus de dissémination afin que toutes les parties prenantes s’approprient les résultats, soient porteurs de ces résultats », a expliqué Guiella/Narh Gifty, la directrice de l’agence CORADE.
« Le Burkina ne doit pas être en reste dans ce débat planétaire. Nous parlons des conditions de vie au plan individuel, c’est donc une logique que le citoyen puisse participer à ce débat planétaire », a précisé Abdul-Jabbar Maïga, chargé de missions, représentant le ministère de l’environnement et des ressources halieutiques. Puis, il s’adresse aux citoyens volontaires du Burkina en ces termes : « Vous faites partie des 10 000 citoyens volontaires du monde desquels il est attendu, d’une part l’expression de leurs préoccupations relatives au climat et à l’énergie et d’autre part, leurs avis, suggestions, propositions sur les enjeux qui leur sont présentés ».
Trouver un nouvel accord international
Ce projet a été initié par le secrétariat de la Convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la Commission nationale française du débat public, la fondation Danish Board of technology et Missions publiques qui en assurent la coordination, avec le soutien du gouvernement français, hôte de la CoP 21 en décembre 2015 à Paris. « C’est fondamental d’entendre ce que les citoyens ont à nous dire parce qu’ils connaissent leurs conditions de vie. Ils savent ce qui est bien pour eux, ils savent aussi ce qu’il ne faudrait plus faire. Ce qu’ils vont nous dire sera très important. Porté à Paris, on pourra le confronter avec des propositions d’autres citoyens et faire bénéficier leurs remarques à l’ensemble des participants. Donc, c’est une excellente initiative. Je me réjouis que le Burkina soit l’un des 104 pays participants à cette opération », a précisé Gilles Thibault, l’ambassadeur de France au Burkina.
Les résultats des consultations seront agrégés, analysés et mis en débat dans les différents pays impliqués et au niveau international, notamment lors des négociations. L’enjeu du sommet de Paris est de trouver un nouvel accord international sur le climat pour maintenir le réchauffement mondial à moins de 20 degrés.
Moussa Diallo
Lefaso.net