Les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) se sont déportées à Bizerte, ville historique située à 80 km de Tunis la capitale tunisienne, ce mardi 29 octobre 2019 pour le lancement officiel du festival. Bizerte accueille les JCC dans le cadre de la politique de décentralisation du festival. La 30e édition des JCC se tient du 26 octobre au 2 novembre 2019.
La politique de décentralisation des JCC dans les régions est une volonté du comité national d’organisation d’étendre le festival dans les autres villes du pays. C’est en effet, un prétexte pour permettre à ces villes qui abrite le festival de créer leur propre festival afin de faire rayonner le cinéma Tunisien et partant Africain.
A Bizerte, le comité local d’organisation chapeauté par le gouverneur a bien voulu marquer l’évènement.
De toute évidence, le gouverneur de cette ville portuaire et son équipe ont sorti le grand jeu en mettant en avant les potentialités culturelles et économiques de la région.
Située à l’extrême nord de la Tunisie et formant avec sa périphérie du Cap Blanc le point le plus avancé de l’Afrique, la région de Bizerte est surtout connue par sa position stratégique qu’elle occupe au centre de la méditerranée, par son important port commercial, sa vocation agricole et halieutique, ses traditions industrielles et ses sites touristiques.
Malgré l’indépendance accordée à la Tunisie en 1956, la France conserve la base de Bizerte jusqu’en 1963, ce qui entraîne de nombreuses tensions entre la Tunisie d’Habib Bourguiba et la France de Charles de Gaulle qui atteignent leur paroxysme lors de la crise de Bizerte. La ville est aujourd’hui tournée vers le tourisme malgré la forte présence de l’armée tunisienne.
C’est dans cette ville militarisée que les festivaliers ont rompu avec la tradition, celle de ce faire transporter par des bus. Des dizaines de calèches comme à l’ancienne ont embarqué les festivaliers du gouvernorat a la cité de la culture. L’itinéraire était choisi à dessein car il a permis de vivre une partie de l’histoire de cette ville millénaire et le tout en fanfare.
Pour l’occasion, la fanfare de la ville ouvrait le bal suivie par les calèches. La procession s’est ébranlée dans la ville en passant par le vieux port situé dans la vieille ville. Le bassin contient de vieux bateaux colorés, les quais accueillent des marchands, boutiques de petits bijoux, cafés remplis d’hommes fumant la chicha. Un lieu agréable et animé. La place Slahedine Bouchoucha est agrémentée d’une fontaine du XVIIe siècle. Du côté nord du canal se dresse une ancienne forteresse. A l’extrémité nord de l’avenue Habib Bougafta, on débouche sur le canal qui relie la mer au port. Sur cette rive, l’entrée est protégée par le fortin el-Hanni, ou ksiba, une petite forteresse arrondie, dotée d’une tour rectangulaire, réaménagé à différentes reprises par les différents occupants de la ville.
Du vieux bord à l’esplanade Habib Bougatfa le cortège est arrivée a la cité de la culture pour suivre le film d’ouverture des JCC à Bizerte. C’est le film « a Haunted Past » (absence) de la réalisatrice Fatma Riahi qui à été projeté.
Dans sa jeunesse, la réalisatrice Fatma Riahi a vécu à Tunis sous le même toit qu’une famille hébergée par sa mère : trois fillettes et leur mère bosniaque, Marcida, dont le mari tunisien Tawfiq purgeait une peine de prison pour terrorisme. Dix ans après la disparition de cette famille, Riahi décide de les retrouver. Elle découvre que Tawfiq élève aujourd’hui ses filles à la campagne, et que Marcida les a abandonnés. La cinéaste fait face à des jeunes femmes amères aux rêves évanouis, et à un ancien jihadiste aussi furieux que traumatisé par ses expériences passées. Confrontant avec franchise les perspectives et opinions parfois discutables de ses sujets, elle déterre petit à petit les secrets de vies bouleversées par la complexité de conflits internationaux et la violence des États.
Boukari Ouédraogo