L’artisanat au Burkina Faso, regroupe 240 métiers dont celui du tissage, qui occupe essentiellement des femmes et des jeunes et qui permet de véhiculer un des outils de promotion de notre identité culturelle, à savoir le Faso Dan Fani. Afin de permettre aux associations et entreprises de tisseuses d’améliorer leurs chiffres d’affaires, d’honorer les commandes et d’offrir davantage d’emplois, le Ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat (MCIA), a lancé le 12 décembre 2018, « l’Initiative 5000 métiers à tisser ». Le secteur de l’artisanat est le deuxième pourvoyeur d’emplois au Burkina Faso. Il occupe environ deux millions de personnes et contribue à près de 30% à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB).
La genèse de l’initiative
En 2016, le Burkina Faso s’est doté d’un nouveau référentiel de développement qu’est le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES). L’objectif global poursuivi par le Gouvernement à travers ce référentiel est de transformer structurellement l’économie burkinabè, pour une croissance forte, durable, résiliente, inclusive, créatrice d’emplois décents pour tous et induisant l’amélioration du bien-être social.
En son Axe 3.2 le PNDES ambitionne de « développer un secteur industriel et artisanal compétitif, à forte valeur ajoutée et créateur d’emplois décents ». En vue d’assurer la réussite des actions du PNDES, des politiques sectorielles ont été adoptées et sont en cours de mise en œuvre dans les différents départements ministériels regroupant des programmes et projets spécifiques.
Dans le secteur de l’artisanat particulièrement, plusieurs projets, programmes et initiatives divers ont été mis en œuvre en vue de promouvoir et de rendre compétitifs les produits de l’artisanat sur le plan national et international. Parmi les récentes initiatives prises par le gouvernement, on note la promotion et la valorisation des articles faits en Faso Dan Fani (FDF) lors des manifestations officielles à caractère national. Le but visé est de booster la transformation des matières premières et leur consommation locale
Toutefois sur le plan des équipements de production des artisans, le Ministre en charge de l’artisanat a fait le constat courant avril 2018 dans un centre de production artisanale d’une association de tisseuses à Ouagadougou, d’un certain nombre de difficultés rencontrées. Il s’agit notamment d’une insuffisance d’équipements en métiers à tisser, d’une obsolescence des métiers à tisser existants et d’un besoin en renforcement des capacités techniques etc.
Les échanges lui ont également permis de comprendre que le nombre de métiers dont disposait l’association (06) était largement inférieur au nombre de membres (300 tisseuses). Cette situation contraint les membres à se constituer en équipe de 6 tisseuses se relayant périodiquement pour utiliser les métiers disponibles.
Fort de ce constat, le Ministre en charge de l’artisanat après avoir fait un don de 10 métiers à tisser, a instruit ses collaborateurs de mettre en place un micro projet visant à renforcer les capacités de production des associations de tisseuses dans les treize régions du Burkina Faso par l’acquisition de cinq mille (5 000) métiers à tisser deux pédales.
D’un coût global de cinq cent quarante millions (540 000 000) de francs CFA, l’Initiative 5000 métiers à tisser sera financée grâce à l’accompagnement de partenaires au développement et des acteurs du secteur privé local sous forme de subvention.
Un début prometteur
Lancée le 12 décembre 2018 le projet a bénéficié dans la foulée de l’accompagnement de La Coopération autrichienne pour l’acquisition de six cent (600) métiers à tisser pour un coût global d’environ soixante-dix millions (70 000 000) de francs CFA et de la Banque Africaine de Développement (BAD) à travers le Projet d’Appui à la Transformation de l’Économie et de la Création de l’Emploi (PATECE) qui a apporté un appui de l’ordre de cinquante millions (50 000 000) FCFA pour l’acquisition d’environ quatre cent (400) métiers à tisser.
Au cours du premier semestre 2019, d’autres partenaires se sont montrés disponibles pour contribuer à l’initiative. Il s’agit du groupe EBOMAF et de la LONAB pour un apport financier à hauteur de cinquante millions chacun. Par ailleurs, la Filature du Sahel (FILSAH) a mis à la disposition du département cinquante (50) métiers et soixante (60) balles de fils à tisser pour soutenir l’initiative.
Soixante-trois (63) associations se répartissent les 550 premiers lots de métiers à tisser
En vue de respecter l’esprit d’équité, les associations et entreprises bénéficiaires sont sélectionnées sur dossier par un comité de sélection composé de la Fédération Nationale des Tisseuses du Burkina Faso (FENATI-BF), la Chambre des Métiers de l’Artisanat du Burkina Faso (CMA-BF) et de la Direction Générale de l’Artisanat (DGA). Les Directions Régionales du Ministère en charge de l’Artisanat sont impliquées dans la réception des dossiers et la vérification des informations fournies par les associations sélectionnées à travers des visites de terrain au besoin.
Sur un total de cent trente (130) dossiers reçus, soixante-trois (63) associations réparties dans douze régions ont été retenues sur la base de la sélection effectuée par le comité, pour bénéficier des cinq cent cinquante (550) métiers à tisser et de soixante (60) balles de fils. Le processus de remise de ces premiers lots d’équipements a pris fin le 18 juillet dernier à Banfora dans les Cascades.
La mise en œuvre de la première phase de l’initiative de renforcement des capacités productive des tisseuses par la dotation de 5 000 métiers à tisser a permis d’apporter un début de solutions aux problèmes des associations de la filière du tissage artisanal. Selon une évaluation faite par la Direction Générale de l’Artisanat, le chiffre d’affaires moyen mensuel des associations bénéficiaires de la région des Hauts-Bassins a connu un accroissement de plus de 4% en un trimestre d’utilisation. C’est tout naturellement que les artisanes et artisans bénéficiaires ont à titre individuel et collectif, à travers leurs faitières, appréciés cette initiative du Gouvernement burkinabè. Ils ont invité l’Etat et les Partenaires techniques et financiers à continuer à accompagner le secteur de l’artisanat.
Objectif 5000 métiers à tisser en fin 2020
Pour le second semestre 2019, il est attendu 1500 autres métiers à tisser grâce à l’accompagnement du Projet d’Appui à la Transformation de l’Economie et à la Création de l’Emploi (PATECE), de la Loterie Nationale du Burkina (LONAB) et de EBOMAF. A l’horizon 2020, ce sont 5 000 métiers à tisser qui seront produits par des artisans burkinabè membres de la CMA-BF et repartis à 500 associations sur le territoire national. A cet effet, les démarches auprès des potentiels partenaires se poursuivront en vue de boucler le gap de financement restant à rechercher pour l’acquisition des 2 850 autres métiers à tisser.
Ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat