Sa silhouette de géant vert (1,93 m, 95 kg) sous la tunique du Burkina Faso s’est un peu plus détachée encore quand Aristide Bancé a marqué le but de la délivrance contre la Tunisie (2-0), ouvrant aux Etalons le chemin de la demi-finale mercredi 1er février 2017 contre l’Egypte.
Bancé ? La frappe puissante de l’attaquant, de 32 ans qui a passé sa carrière à jouer à saute-frontières, met tout à coup en lumière son CV.
Le globe-trotteur n’arrive même plus à compter le nombre de clubs et de pays où il a joué, de la Côte d’Ivoire à la Lettonie, de l’Allemagne à Dubaï, en passant par l’Ukraine et le Kazakhstan, avec des crochets par la Belgique et la Turquie.
« Douze clubs, quelque chose comme ça. Oui j’ai quand même voyagé. J’ai beaucoup d’expériences », raconte à l’AFP l’homme à la crête blonde. En fait douze pays et une vingtaine de clubs, si l’on en croit sa fiche-joueur sur différents sites spécialisés.
Pour ce Burkinabè né en Côte d’Ivoire, l’exode commence en 2002 avec un départ pour Ouagadougou au plus fort de la crise ivoirienne, des polémiques sur l' »ivoirité » et la rivalité Laurent Ggagbo/Alassane Ouattara. « En quelque sorte, pour protéger nos vies », a-t-il récemment confié.
Après quelques mois au Santos, un club de Ouagadougou, Bancé part prendre pied en Europe, en Belgique, au KSC Lokeren. C’est la première de ses nombreuses destinations dans des clubs plus proches -à l’entendre- des problèmes d’intendance que des millions du Real Madrid ou du Paris Saint-Germain.
– ‘Métier ingrat’ –
« Il y a quelques pays où je n’ai pas eu beaucoup de chance. Quand je suis allé à Dubaï, au début tout se passait bien. Au bout de quatre mois, j’ai commencé à avoir des soucis de salaire. Quand le club n’arrive plus à te payer, ils vont dire que peut-être tu ne rentres pas dans le système de l’entraîneur etc., donc j’ai eu vraiment des problèmes à Dubaï », raconte l’ancien pensionnaire du Al-Ahly.
« Je suis allé en Finlande (HJK Helsinki) pour jouer l’Europa League. En Lettonie (Riga FC) aussi c’était professionnel. J’étais payé là-bas. J’avais déjà l’habitude du froid après un passage en Ukraine » (Metalurg Donetsk), poursuit l’attaquant qui garde un souvenir ému de son passage à Mayence en Allemagne.
Son dernier départ de Riga pour un retour aux sources à Abidjan, à l’ASEC Mimosas, s’explique pour des raisons de calendrier: « En Lettonie le championnat ne reprenait qu’au mois de mars. Pour moi le plus important, c’était de jouer ».
Un peu d’anglais lui permet de passer partout, du Samsunspor (Turquie) à Pavlodar (Kazakhstan): « Je n’ai pas besoin d’aide dans un magasin. Pour le reste, je ne sors pas beaucoup. Je suis tout le temps à la maison. Entraînement, maison, entraînement, maison… sur le terrain il n’y a pas de langues ».
A 33 ans, le joker du Burkina peut-il envisager un nouveau transfert, lui qui ne se fait plus d’illusion sur les agents qui ont géré ses déplacements multiples ? « C’est un métier vraiment ingrat. Quand tu joues, les gens cherchent à te voir partout. Les agents cherchent à te contacter. Mais dès que tu ne joues pas, il n’y a aucun agent qui va t’appeler ».
Rien de tel qu’une bonne demi-finale voire plus pour rebondir ailleurs. Bancé s’en moque pour l’instant, l’heure est à la Coupe d’Afrique des nations.
« En 2013, nous sommes allés en finale, et on n’a pas remporté cette coupe. On doit faire mieux que 2013, parce que le peuple a déjà vu ça… »
Source: AFP