Yamoussoukro, la capitale politique de la République de Côte d’Ivoire, abrite, les 27, 28 et 29 juillet 2016, la cinquième conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement sur le Traité d’Amitié et de Coopération entre le Burkina Faso et la République de Côte d’Ivoire.Cette rencontre au sommet à laquelle est attendu le Président du Faso, Monsieur Roch Marc Christian KABORE, offre l’occasion aux autorités de nos deux pays de célébrer les liens immémoriaux qui unissent leurs deux peuples, et d’explorer les opportunités de renforcement de leur coopération.
On le sait, Ivoiriens et Burkinabè ont toujours entretenu des relations dictées par l’histoire, la géographie, la culture et l’économie. Des relations qui ont alterné des périodes de bonne collaboration et des périodes froides depuis les indépendances. La récente crise diplomatique entre les deux pays, consécutivement à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et le coup d’Etat du 16 septembre 2015 au Burkina Faso, ainsi que les mandats d’arrêts internationaux lancés contre certains hauts responsables constituent de parfaites illustrations. Tout cela n’a pas permis la tenue effective des assises annuelles du TAC en 2015. Mais l’épais nuage qui semblait assombrir les rapports entre les deux peuples semble trouver l’occasion de se dissiper complètement avec la tenue de ce 5ème sommet du TAC. Du reste, l’ambiance fraternelle qui prévaut, en ce moment, au cours des travaux des Experts des deux pays est un signe annonciateur du nouveau départ chargé de beaucoup d’espoirs pour les relations séculaires qui unissent les deux pays frères.
Les grands enjeux du TAC
Signé le 29 juillet 2008 à Ouagadougou, le TAC ambitionne de faire de l’axe Abidjan-Ouagadougou, la locomotive de la sous-région ouest africaine. Pour ce faire, les deux Parties ont conçu de grands projets dont les retombées vont au-delà de leurs frontières. Il s’agit notamment :
– du projet de construction de l’autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou dont le financement par l’UEMOA à hauteur de 1,291 milliards de francs CFA est acquis pour l’exécution des études de faisabilité technique, économique, d’impact environnemental et social, mais également de mise en concession, d’études techniques détaillées avec élaboration des dossiers d’appel d’offres. Des institutions financières comme la BAD et la BID sont prêtes à accompagner la Côte d’Ivoire et le Burkina dans la réalisation de ce grand projet ;
– du projet de réhabilitation du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou-Kaya et son prolongement jusqu’à Tambao qui devrait permettre l’exploitation du manganèse de Tambao. A cet effet, un Accord-cadre de Partenariat Public-Privé (PPP) a été signé le 11 août 2012 à Ouagadougou entre le Burkina Faso et Pan African Minerals (PAM) pour « la réalisation des projets intégrés et la mise en valeur du gisement de manganèse de Tambao ». Dans le cadre de la mise en œuvre du volet ferroviaire du projet intégré de Tambao, un accord-cadre général de négociation a été signé entre le Burkina, la Côte d’Ivoire et les groupes Bolloré et Pan African Minerals lors de la quatrième Conférence au Sommet.
– du projet d’approvisionnement du Burkina en énergie électrique et hydrocarbures par la Côte d’Ivoire pour pallier le déficit énergétique de notre pays. S’agissant de ce projet, il sied de rappeler que les autorités ivoiriennes ont, lors de la quatrième Conférence au Sommet, décidé d’augmenter la fourniture d’électricité au Burkina de 70 à 80 mégawatts à compter de 2014. Par ailleurs, la Conférence au Sommet avait instruit les Ministres en charge de l’énergie, d’élaborer un plan directeur commun de développement des capacités de production et de transport d’électricité à soumettre à la cinquième Conférence. En ce qui concerne le volet des hydrocarbures, la mise en place d’une société de pipe-line sur le tronçon Bouaké-Ferkessédougou-Ouagadougou est en projet et la SONABHY participerait à hauteur de 10% au capital de ladite société.
Les organes du TAC
Pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés, le TAC s’appuie sur un certain nombre d’organes prévu sen son titre III. Il s’agit notamment :
- des comités nationaux de suivi mis en place par chaque partie, composés de l’ensemble des départements ministériels ayant des dossiers de coopération, et présidés, dans chaque pays, par le Ministre en charge des Affaires étrangères ;
- du Comité conjoint de suivi qui réunit les Comités nationaux des pays et est co-présidé par les Ministres en charge des Affaires Etrangères. Ce comité se tient alternativement dans les deux Etats pour faire l’évaluation de l’état de la coopération entre les deux pays ;
- du Conseil conjoint de Gouvernements qui comprend les membres des deux gouvernements, et qui se tient en général la veille de la Conférence au Sommet des Chefs d’Etat. Il est l’instance de finalisation du projet d’ordre du jour et des grandes décisions à soumettre à la très haute appréciation des deux Chefs d’Etat.
- de la Conférence au sommet des Chefs d’Etat qui donne lieu à des décisions et directives communes engageant les deux Parties. Elle se tient, en principe, au moins deux fois par an. Mais les Chefs d’Etat peuvent se réunir en Sommet extraordinaire, chaque fois que de besoin, à l’initiative de l’une ou l’autre Partie.
Par ailleurs il est prévu des rencontres ministérielles sectorielles présidées par les Chefs de Gouvernement en cas de besoin, et d’autres rencontres peuvent réunir les responsables des institutions nationales publiques et privées des deux pays, et les experts et hauts fonctionnaires du Ministère en charge des Affaires étrangères et de l’intégration.
Ministère des Affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabè de l’extérieur