En sa séance ordinaire du 18 février 2016, le Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso a suspendu pour un (01) mois notre confrère le bimensuel l’Evènement. La raison invoquée est la divulgation de secrets militaires par le journal à travers un article intitulé « Les poudrières du Burkina » paru dans sa parution n°320 du 10 février 2016. Ledit article incriminé présentait une cartographie des sites des poudrières de l’armée nationale.
Suite à cette publication, l’armée par l’entremise de son service de communication, avait saisi le CSC et convoqué le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal pour des échanges dans une démarche qui se voulait « non contentieuse ».
Nonobstant, cette démarche empreinte d’élégance et de courtoisie entre l’armée et la presse, le Conseil supérieur de la communication procédait sans même se donner la peine de la moindre audition, donc en violation flagrante de toutes les procédures élémentaires matière de sanctions qui imposent au préalable une audition des mis en cause, à la suspension du journal.
Malgré cette sanction inédite et brutale, les organisations professionnelles des médias à travers le Centre nationale de presse Norbert Zongo ont néanmoins pris l’initiative d’engager le dialogue avec le CSC et l’Etat – Major de l’armée. De son côté, le journal se sentant abusivement sanctionné a décidé d’ester en justice.
La voie judicaire a abouti à un sursis à exécution de la décision du CSC prononcé par le juge administratif en faveur du journal. Ainsi donc, cette décision de la justice qui suspend la sanction contre l’Evènement permet au confrère de pouvoir reparaître normalement après avoir manqué le rendez-vous du 25 février dernier avec ses lecteurs.
En attendant la suite de la procédure judiciaire sur le fond, la SEP se réjouit que le journal ait été autorisé par la justice à reprendre ses droits et les publications au profit des lecteurs et des citoyens. Par ailleurs, au regard de la santé très précaire de nos entreprises de presse, cette décision est salvatrice et mérite d’être applaudie.
En tout état de cause, profondément indignée par cette manière brutale de réguler les médias, la Société des éditeurs de la presse privée appelle à reposer le débat sur deux préoccupations majeures que ce contentieux entre le CSC et le journal l’Evènement suggère de façon fondamentale. Il s’agit :
- De la notion de « secret militaire » et de la législation actuelle y relative, lesquelles nécessitent à la fois une meilleure définition notionnelle et une actualisation législative adéquate ;
- Des pratiques actuelles du CSC qui tend à privilégier ses pouvoirs de sanction sur son rôle de régulation, d’encadrement et de promotion pour une meilleure expression de la liberté de presse et du droit à l’information des populations.
Le président
Lookmann SAWADOGO